DiscriMigrations

Par le Collectif Libertalia

Réalisé avec le soutien 
de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Avec
Ali Atif Amin, Hind Bari, Bintou Mansar, Bintou Tour, Robin Carton,
Aurélie Henceval, Cissé N’Deye Mota, Samuel Osman, Malek Tamer et Fernando Zamora

Conception et Mise en scène
Patrick Duquesne

Lumières
Marco Messeri

 

Fiche artistique Fiche technique Text

 


Impossible d’empêcher les couleurs de se mélanger. Alice est blanche. Saïd un peu moins. Et leur enfant porte le mélange de leur amour tatoué sur la peau. Le prix à payer ? Quelques préjugés, des remarques désobligeantes, des discriminations. Alors, comment réagir lorsque des voyageurs plus foncés qu’eux font irruption dans leur vie ?
Après tout, ils sont sur le même bateau. Oui, mais quand le découvriront-ils ?



Il y a d’un côté de la Méditerranée, très loin au sud, des migrants qui ne se savent pas encore acteurs. Il y a de l’autre côté de la Méditerranée, très loin au nord, les acteurs du Collectif Libertalia qui n’ont aucune expérience en termes de migration. Ils se rencontrent à Bruxelles, et c’est l’occasion de monter un spectacle qui leur ressemble, une pièce de théâtre qui les rassemble. Qui parle de leurs expériences, de leurs peurs à tous et de la manière de les affronter ensemble.


DiscriMigrations n’a pas dû chercher bien loin pour trouver une inspiration dramaturgique. Le style du spectacle, ses couleurs, reflètent la prodigieuse énergie de vie qui se dégage d’êtres humains ayant vu la mort en face, et bravé tous les dangers pour arriver à destination. Dans les yeux de ceux qui nous racontent leur aventure, l’obscurité se mêle à la clarté. On y retrouve la sombre couleur de ceux qui ont vu leurs amis se faire dévorer par l’océan, aux côtés de cette lueur persistante, ce feu brillant qui indique encore la mesure du rêve initial. Il y a des brisures mais les rêves ne sont pas brisés.

C’est ce qui a permis à DiscriMigrations de décliner les plus sombres souvenirs avec un recul permanent. Celui de l’humour, celui d’une certaine cadence dans le dire. Un recul donné tantôt par des gestes inconnus, tantôt par d’étranges élans jamais vus, des accents peu entendus aussi… Le tragique est tenu à distance. 

Sur scène, il s’agit de porter cette façon d’exister ensemble et développer une allure. Une allure comme l’assurance que demain sera fait d’un monde meilleur. Une utopie non encore imaginée. Un décalage presque naïf. Bref, on retrouve sur scène -dans le décor qui virevolte, dans les corps qui rient, dans les musiques qui ragent- cette même petite lueur au fond des yeux, dont on parlait au début, tellement éblouissante qu’elle empêche de se noyer complètement dans l’ampleur du drame et des dangers affrontés. Du recul pour mieux comprendre et affronter les défis de ce monde. C’est ce qui fait de DiscriMigrations un spectacle fondamentalement joyeux et heureux, malgré toutes les peines et obstacles racontés.


Cette terre où je suis né est-elle ‘ma’ terre ? Cette terre où je m’en vais, est-elle ‘ta’ terre ? Et que peut bien signifier « sa » terre lorsque l’espace concédé se résume pour la plupart à une survie économique donnant tout juste la possibilité de partir ailleurs en vacances ? …



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