F.I.T.A. du 9 juin au 7 juillet 2012 – San Casciano (Italie)

9ème FITA ITALIE (du 9 juin au 7 juillet 2012) à San Casciano in Val di Pesa (Florence)

AMORE E RIVOLTA

° 9 juin – AVANT PREMIER

performances théâtrales

SEMINIAMOLI | proposée par Teatro Contadino Libertario (des travailleurs du monde rural, sur des questions touchant à l’agriculture)
OUR TURN (danse) | proposée par Valeria Cosi, avec A.C. Demidoff
LOVE/HEART (danse-action) | proposée par Valerio Bellini


° 28 juin – INAUGURATION du Festival – AMOUR ET REVOLTE

une ballade aux 4 coins de San Casciano, proposée par Dimitri Frosali, accompagné d’une série de Roméo et Juliette en mal d’amour et de révolte, et ponctuée d’interventions musicales et théâtrales sur le thème.


° 4 juillet

SIX COURTS THEATRAUX INTERNATIONAUX (petites formes) sur le thème de l’amour et de la révolte

proposés par des compagnies théâtrales provenant de la Commuauté Française de Belgique (Compagnie du Campus, Compagnie Buissonnière, Alvéole Théâtre, Acteurs de l’Ombre) et d’Italie (Laboratorio Amaltea, Kymeia, Teatro dei Passi, Paolo Ciotti, Teatro Contadino Libertario)


° 5 juillet

TEMOIGNAGES sur le PRINTEMPS TUNISIEN et les REVOLTES EN GRECE, et RENCONTRES D’ATELIER

entre comédiens et animateurs de théâtre-action venus de Belgique, de France, d’Italie, de Grèce et de Tunisie, animées par les animateurs et animatrices du Collectif Libertalia


° 6 juillet

CINQ NOUVEAUX COURTS THEATRAUX INTERNATIONAUX (petites formes) sur le thème de l’amour et de la révolte

proposés par des compagnies théâtrales provenant de la Commuauté Française de Belgique (Théâtre du Public, Compagnie Maritime, Collectif Libertalia) et d’Italie (Laboratorio Amaltea, Kymeia, Teatro Contadino Libertario)


° 7 juillet

PERFORMANCE PUBLIQUE

résultant des RENCONTRES INTERNATIONALES D’ATELIER effectuées durant la semaine entre témoins, opérateurs sociaux et comédiens-animateurs


! cliquez pour voir le reportage d’Antenne Centre !


AMOUR ET REVOLTE

Le manifeste du Festival, par le Collectif Libertalia

Il en va au théâtre comme dans la vie. Tout commence toujours par une scène d’amour.

Roméo déclare sa flamme à Juliette qui, de son balcon, se laisse bercer par la douce voix de son amant. Roméo et Juliette veulent juste s’aimer et partir ensemble. L’amour est là, nécessaire, vital et fragile. Mais aujourd’hui dans le monde, rien n’est simple. Juliette a perdu son travail et Roméo, qui est Tunisien, a pour seuls papiers des petits paquets de mouchoirs qu’il vend aux passants. Nous sommes en 2012. La crise frappe fort. Roméo saigne et Juliette pleure. De tristes augures ressuscitent même une ancienne prophétie Maya sur la fin du monde. Pas d’avenir pour les amants de Vérone. Alors Roméo se prend la tête entre les mains, et s’enfuit en courant malgré les cris de sa bien-aimée. Et Juliette se retrouve seule, sans voix, enfermée sur son triste petit balcon de banlieue. La révolte est là, inévitable, passionnelle et violente…

Il en va au théâtre comme dans la vie. Tout n’est que changements, imprévus, rebondissements.

Juliette se visse une casquette sur la tête, enfonce ses oreillettes et branche son mp3. Elle enjambe le balcon. Un refrain de Muse à fond dans les oreilles, elle saute les obstacles et court après sa vie. Au beau milieu de la foule, elle rattrape Roméo et le traîne de force jusqu’à un train qui part pour Gênes. Là, elle le pousse sur un bateau qui les emmène vers la Méditerranée. A peine débarqués en Tunisie, Juliette empoigne violemment Roméo. « Ecoute joli cœur, l’amour n’est pas un jeu qui se joue tout seul ! J’ai besoin qu’on se serre les coudes, toi, moi et les millions de fantômes qui comme nous ont une dévorante envie d’horizons nouveaux. Cette fois, pas question de laisser Shakespeare décider de la fin de cette histoire. Nous ne sommes pas seuls ! » Et là, comme par miracle, alors que Juliette étreint encore le col de Roméo, une étincelle jaillit. Autour d’elle, le sol se met à trembler. Une rumeur gonfle la rue, s’empare de la ville. On les croirait surgis d’un film en 3D : des tas de petits Roméo et Juliette se regroupent, les entourent puis les dépassent en chantant les mêmes mots. Comme le refrain d’un gospel qui aurait des airs de rap. « Nous n’avons pas de nom. Nous sommes légions. Nous ne pardonnons pas. Nous n’oublions pas. Et nous arrivons. »

Une énorme vague de colère déferle alors sur la planète entière et envahit places et rues pour chanter l’amour et la révolte, d’abord en Tunisie, puis en Egypte et en Lybie, ensuite en Europe, en Grèce, en Angleterre, et même à Wall Street qu’occupent les révoltés, puis en Russie, en Roumanie…

Il en va au théâtre comme dans la vie. L’histoire n’est jamais toute tracée. Il arrive que ses acteurs en décident le dénouement…

On se prend alors à rêver à de nouveaux départs pour tous les Roméo et Juliette du monde. Une grande effervescence chaotique et créative où l’existence cesse enfin d’être évaluée en termes d’argent et où les agences de notation, remplacées par des groupes de mathématiciens fous d’amour, attribuent leur note la plus haute à un monde ouvrant enfin la voie à d’authentiques rapports humains loin de la concurrence et de la compétitivité.

Il en va au théâtre comme dans la vie. Tout finit toujours par une scène d’amour. Alors, demandons l’impossible, rejoignons la résistance et tombons amoureux ! Rideau !

Patrick Duquesne


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