F.I.T.A. du 15 juin au 20 juillet 2013 – San Casciano (Italie)

10ème FITA ITALIE (du 27 juin au 20 juillet 2013) à San Casciano in Val di Pesa (Florence)

POUVOIR?

 

° 27 juin

ECHEC AU ROI

Flash Mob théâtral proposé par une trentaine d’acteurs, suivi d’un court monologue de Dimitri Frosali reprenant l’histoire cachée des lieux de San Casciano, lieux qui seront utilisés pour les représentations des Petites Formes Théâtrales les jours suivants.


° 28 juin

CINQ COURTS THEATRAUX INTERNATIONAUX (Première Partie)

Proposés par des compagnies théâtrales provenant de la Commuauté Française de Belgique (Compagnie Buissonnière et Alvéole Théâtre), d’Espagne (Cascara Rotta) et d’Italie (Laboratorio Amaltea, Kymeia, Teatro dei Passi)


° 29 juin

RENCONTRES INTERNATIONALES D’ATELIER

Proposés par des comédiens et animateurs de théâtre-action venus de Belgique, d’Espagne, d’Italie et de Grèce, animées par les animateurs et animatrices du Collectif Libertalia

PEZZI PAZZI D’ARTE (PERFORMANCES)

proposées par Kirsten Lockie, Patricia Zingaretti, Genni Cortigiani et le Collectif Libertalia


° 30 juin

Représentation de quelques COURTS THEATRAUX (petites formes) dans le cadre de la manifestation IN UN MONDO PIU’ PARCO à Scandicci, au Parc du Castelo dell’Acciaiolo

par

Cascara Rotta (ESP) – Leonardo Venturi (IT) – Alvéole/Buissonnière (BE) – Teatro Contadino Libertario (IT)


° 1er juillet

CINQ COURTS THEATRAUX INTERNATIONAUX (Deuxième Partie – avec l’apport de l’historien Alberto Ciampi)

5 corti proposés par des compagnies théâtrales provenant de la Commuauté Française de Belgique (Compagnie du Campus, Collectif Libertalia) et d’Italie (Teatro Contadino Libertario, Gruppo di Cairano, Teatro dei Passi)


° 2 juillet

INDIGNATI

Prêches de Savonarola, 500 ans après, de Stefano Massini, avec accompagnement musical de Stefano Corsi


° 3 et 4 juillet

IL PRINCIPE AZZURRO

avec Tommaso Taddei de la Compagnie Gogmagog

Maison de Machiavel, Sant’Andrea in Percussina


° 18, 19 et 20 juillet

DAL PANE A DON CHISCIOTTE

de et avec Adriano Miliani / Jack and Joe Thatre

Villa Montepaldi – San Casciano V.Pesa


Pour revoir le reportage qu’Antenne Centre a réalisé sur le Festival International de Théâtre Action en Italie, l’année passée… ! cliquez ici !

(à part les mandolines, c’est super!)


POUVOIR?

« On voit par expérience que les princes qui, de notre temps, ont fait de grandes choses, n’ont pas tenu grand compte de leur parole, qu’ils ont su par ruse circonvenir l’esprit des hommes, et qu’à la fin ils ont surpassé ceux qui se sont fondés sur la loyauté. »

(Le Prince – Machiavel, 1513)

Et si Machiavel avait raison ?

Et si Machiavel avait dit ouvertement tout haut ce que le pouvoir fait en secret tout bas?

Et si la conduite des puissants, en mal de gouvernance, consistait effectivement à feindre d’œuvrer au bonheur de tous pour ensuite obéir à l’argent, au pouvoir économique ? …

Il était une fois, il y a bien longtemps de cela, en Amérique Centrale, une petite communauté d’êtres humains qui considérait le pouvoir comme une porte ouverte à tous les abus. Tout en concevant la nécessité d’attribuer à l’un d’entre eux le pouvoir de présider à leur destinée, ils craignaient par-dessus tout que leur chef les trahisse. Comment être certain qu’une fois le gouvernail en main, il n’en profiterait pas pour mener égoïstement sa petite barque ? Comment faire pour que l’intérêt personnel de l’élu
épouse véritablement les besoins collectifs de leur communauté ?

Ces fiers indiens, dont la petite tribu vivait encore bien loin du monde de l’argent, mirent au point un procédé fort original dont le but était d’encourager le chef désigné à ne jamais oublier ses engagements. Sans commission électorale et sans urne. Un simple pot de terre cuite rempli de braises bien rouges sur lequel le futur dirigeant vient s’asseoir après avoir baissé son pantalon. Il y restera tout le temps dont ses sujets auront besoin pour lui exposer la longue liste des responsabilités qu’implique sa fonction. Le feu qui lui brûle le derrière est là pour qu’il se remémore à tout moment qui l’a mis à cette place. Mais aussi et surtout que le pouvoir n’est pas un trône.
Qu’il n’est pas assis pour se reposer mais pour agir dans le sens de l’intérêt général. Et les braises se consument…

Certaines responsabilités sont énoncées rapidement, d’autres plus importantes, beaucoup plus lentement. L’une d’entre elles rappelle qu’il dirigera la petite communauté pour un an seulement et qu’ensuite, il ne pourra plus jamais assumer cette fonction. Au cas où il chercherait à s’imposer comme dictateur ou simplement à s’accrocher au pouvoir, les charbons ardents sur lesquelles il médite annoncent prosaïquement un autre feu, si puissant celui-là qu’il ne resterait rien de lui ni de son siège. Et les braises se consument…

Pour prouver que le message est bien passé, l’élu a pour habitude, une fois les discours terminés, de s’attarder un peu sur son pot brûlant, confirmant ainsi, à l’occasion de ce premier acte officiel, sa pleine disponibilité à servir ses frères. Aucune trace de souffrance sur son visage. Au contraire, il cherche à faire rire, à plaisanter. Comme si ce feu sous lui n’était qu’une risible matérialisation des flammes d’enthousiasme qui a conduit sa tribu à le désigner comme chef. Et les braises se consument…

C’est alors seulement que, plein d’humilité, l’homme choisi par sa tribu quitte son pot de terre cuite. Une fois debout, un de ses amis lui enduit les fesses d’huile pour calmer ses brûlures. Mais cloques et cicatrices laisseront leurs empreintes, indélébiles. Et si il ose la question : « I’ve got the power ? ».  Son postérieur lui répondra chaque fois qu’il s’installera dans un fauteuil « Non, non, mon ami, ce n’est pas toi qui a le pouvoir, mais ta communauté ». Et pendant les longs mois que durera sa gouvernance, l’élu se remémorera le pouvoir sur lequel il est assis…

Et si Machiavel n’avait pas raison?

Si être un prince et prendre le pouvoir n’était pas le but ultime de l’être humain ? Si le pouvoir suprême consistait à refuser de le déléguer et à l’organiser, comme ces indiens d’Amérique Centrale?

Et si Machiavel avait tort ?

Si la véritable puissance pour l’homme résidait, non pas dans la prise de pouvoir par « une heureuse astuce », « par la faveur du peuple » ou « par l’aide des riches », « parles lois ou par la force » … mais dans l’abolition des inégalités sociales ?

Patrick Duquesne


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